mardi 3 septembre 2013

Création de décors du 16ème siècle à Riez Alpes de Haute Provence

FENÊTRES A MENEAUX 

véronique vialis



Les gypseries provençales sont un peu différentes du stuc, il n'y a aucun apport de poudre de marbre. Elles sont plus fragiles mais plus charmantes. Ce que l'on fabrique maintenant s'appelle du staff. Le plâtre est mélangé à de la filasse, on ne peut pas le sculpter. C'est l'évolution des escaliers au début du xvie siècle qui étaient à vis tenant peu de place, parfois hors du bâtiment (dans une tour), ils étaient en pierres et peu ou pas ornés. Puis une transformation s'opéra, il n'y eut plus seulement une vis centrale mais plusieurs "noyaux", deux, trois ou quatre. Ils sont en blocage ou en bois et recouvert de gypse, les marches sont à volées tournantes ou droites et à paliers. Les gipiers s'en donnent à cœur joie pour orner les voûtes ou les rampants, enfin on invente l'escalier rampe sur rampe et paliers. Les balustres sont en bois stuqué (ça ne se soupçonne guère). Il prend de plus en plus de place, se situe au milieu de la demeure. La gypserie est très proche du stuc dans le matériau et la technique, à une différence près : le stuc consiste en un mélange de plâtre, de chaux et de poudre de marbre, alors que la gypserie ne contient que du plâtre et un peu de chaux. Considérée comme un "art mineur" par de nombreux historiens d'art, elle est un élément essentiel du décor architectural en Provence de la fin du Moyen Age au le XIXe s.,avec un véritable âge d'or du XVIe au XVIIIe s. D'autre part, on nie souvent l'originalité méridionale en prétendant, en un raccourci erroné, que cette technique serait venue d'Italie et aurait été pratiquée par des artistes venus de ce pays: or, les textes nous montrent que les artistes qui mettent en œuvre les gypseries sont dans leur écrasante majorité des Provençaux ; la mention d'artistes italiens vient souvent d'une confusion avec le stuc. Dans le sillage de la prétendue origine italienne, on a longtemps pensé que la gypserie était apparue avec la Renaissance ; or, les recherches récentes ont révélé qu'il existe déjà des gypseries au Moyen Age. Ses origines restent obscures. Les Romains avaient introduit la technique du stuc, que l'on trouve un peu partout dans les riches villae ou les plus belles demeures urbaines. Cette technique se retrouve à l'époque mérovingienne, comme le montre l'exemple de l'arc stuqué de la crypte de St-Victor de Marseille. Puis un grand vide jusqu'au XVe s.. L'une des pistes probables est l'origine arabe ; le décor architectural islamique utilise en effet le stuc, mais aussi une technique très proche de la gypserie encore pratiquée de nos jours dans des pays comme le Yémen. L'hypothèse est loin d'être farfelue ; on sait que les Arabes ont été présents dans le sud de la France durant le haut Moyen Age ; d'autre part leur influence culturelle s'est faite par l'intermédiaire de l'Espagne (la Provence médiévale fut un temps gouvernée par les comtes de Barcelone, des princes chrétiens en contact avec le monde musulman ibérique) et de la Sicile (dont les comtes de Provence seront souverains), ainsi que lors des Croisades (auxquelles participèrent de nombreux seigneurs provençaux). Le terme "gypserie" est une francisation du terme provençal "gipparié", qui n'avait pas d'équivalent en français ; en provençal, "plâtre" se dit "gip". Le plâtre utilisé pour la gypserie provient de la cuisson d'un gypse de bonne qualité dont on trouve de nombreux gisements en Provence. De même, l'artiste qui met en œuvre les gypseries est qualifié par le terme provençal de "gippier", parfois francisé en "gypier" ou plus rarement "gypsier". Le stuc est quant à lui appelé "estu" ("estuc" en provençal ancien) et le stucateur "estucaire", ce qui montre bien que pour les Provençaux les deux techniques sont différentes. L'adoption par le français de termes provençaux confirme enfin la spécificité de cet art.

lundi 2 septembre 2013

injection de plâtre gros...dans une fissure de 15 mètres

Restauration
des  Gypseries dans les Alpes de Haute Provence

A Riez et ses environs de nombreuses maisons datant du 16ème siècle possèdent dans leurs intérieurs comme sur leurs façades des décors de plâtre appelés Gypseries. Ces Gypseries présentent en Haute Provence des caractéristiques uniques en France. La densité des Gypseries du 16ème  siècle y est impressionnante. La qualité des réalisations témoigne pleinement de l’essor économique et culturel de la Renaissance en Provence. Ces Gypseries de Haute Provence mériteraient d’être considérées comme  trésors du patrimoine architectural décoratif français et européen.
 « Nous avons la chance d’être positionné sur le tourisme durable avec des activités qui plaisent aux gens. Découvrir l’histoire, une gastronomie, un patrimoine, faire du parapente, de la randonnée, du VTT, du cheval, ce sont des formes de tourisme qui sont celles de l’avenir. ».  Jean- Louis Bianco, Président du Conseil  Général  des Alpes de Haute Provence. 
Cette déclaration de Jean-Louis Bianco, révèle pleinement l’importance de s’appuyer sur le potentiel historique et architectural du territoire régional pour son développement.
Le projet est de restaurer la Grand-Rue de Riez la Romaine. C’est une ancienne rue marchande dont les décors gypsés des façades évoquent la richesse de la Renaissance Provençale au 16ème siècle. Cette rue attire déjà de nombreux visiteurs qui viennent découvrir les façades gypsées de Riez. L’Hôtel Mazan, futur musée de l’archéologie et de la gypserie constitue le futur  pôle touristique de cette rue. Malheureusement, l’état des façades et de la rue en général n’est pas très flatteur. La maison 25-27, ainsi que l’Hôtel Ferrier n’ont jamais été restaurés. Ce dernier, l’Hôtel Ferrier menace de devenir une ruine comme la maison 21 l’est actuellement. La maison 29  a été restaurée en 1981, mais comme le déplorait la  Comtesse du Chaffaut, spécialiste de la question, « il est regrettable que les fenêtres à meneaux gypsées n’aient pas été restituées ».
Ce projet de restauration  est né de la rencontre entre trois mondes : celui de Véronique Vialis, stucatrice-décoratrice, spécialiste des techniques anciennes à la chaux et au plâtre, celui de Julien Salette, universitaire en archéologie du bâti et staffeur et celui des propriétaires désireux d’une restauration respectueuse par les matériaux utilisés  et les techniques de mises en œuvre. 
Chacun est polyvalent et pluridisciplinaire. Cette approche transversale nous permet d’envisager un chantier de restauration comme un chantier d’archéologie expérimentale (extraction du gypse, cuisson, application), mais aussi comme un chantier-école (stages, formations) sans perdre de vue les objectifs muséographiques et scientifiques nécessaires à la création d’un Musée  Ambulant des Gypseries de Haute-Provence.
L’expression régionale d’un art décoratif 

La Gypserie est une décoration en relief, stuquée en plâtre par le gipier. Cet art trouve en Provence au 16ème siècle, en pleine Renaissance, un terrain privilégié d’expérimentation des  techniques et de maîtrise d’un savoir-faire. Les Gypseries de Haute-Provence réputées chez les connaisseurs sont néanmoins assez mal connues du grand public. 
Pour créer constructions et décorations en plâtre, les gipiers vont utiliser du gypse local   extrait de petites carrières  aujourd’hui abandonnées.  Les gipiers vont également puiser parmi toutes les techniques qui permettent de travailler le plâtre. Les murs sont maçonnés au plâtre et galets avec des poutres ou chevrons de bois pour servir de décharge à la poussée. Les décorations associent plusieurs techniques : trainage à l’aide d’un gabarit, moulage, estampage, modelage du plâtre frais, sculpture et ciselage du plâtre.
Les Gypseries de Haute-Provence ont connu un essor précoce pour plusieurs raisons. D’une part, la proximité avec les grands centres culturels de l’époque : Espagne, Italie et Allemagne facilite la circulation des marchandises, des techniques et des modes culturelles. D’autre part, la région possède de nombreuses carrières de plâtre aux couleurs variées : rouge, noir : Saint Jurs (04), orange : Clamensane (04),  blanc pur : La Palud sur Verdon   (04).
Conseiller, former, rechercher et restaurer représentent les modalités des restaurations envisagées. C’est une action globale pour conserver et mettre en valeur ce fantastique patrimoine décoratif que certains qualifient de « Florence Provençale » (Des Racines et des Ailes). Il  nous est important de faire du chantier de restauration un musée vivant ouvert au public pour transmettre aux petits comme aux grands l’intérêt que représentent les Gypseries. 

Un projet qui nous concerne tous
Un tel projet ne pourra aboutir sans le soutien technique et financier des structures compétentes. Ces structures existent à chaque niveau territorial. Certaines de ces structures peuvent subventionner notre projet ; d’autres apporter leurs compétences pour mener à bien ce projet de mise en valeur du patrimoine décoratif régional en plâtre.
 En participant pleinement au développement touristique de Riez la Romaine et ses environs, ce projet est au carrefour des problématiques touristiques, économiques et culturelles du Département des Alpes de Haute-Provence. 
 Les Monuments Historiques et les Architectes des bâtiments de France sont habilités par l’Etat pour encadrer la restauration du patrimoine bâti classé.  Au niveau régional, le Conseil Régional, le Service de l’Inventaire et du Patrimoine de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) et le Parc Naturel Régional du Verdon constituent des services avec lesquels nous devons travailler en étroite collaboration pour mener à bien ce projet. Le Conseil Départemental, les Communautés de Communes, les Pays, les Communes concernés par notre projet comme Riez, Saint-Jurs peuvent être interpellés par ce projet patrimonial qui les concerne pleinement.  Il est primordial de travailler en collaboration avec les associations locales liées au patrimoine telles que Maison Paysanne de France, les Amis du Vieux Riez et également les fondations, les entreprises,  les Missions  Locales…

La restauration des façades de la Grand-Rue à Riez la Romaine peut être intégrée dans des visites guidées ou libres en lien avec le Musée des Gypseries prévu à l’Hôtel de Mazan. Ces façades représentent un patrimoine décoratif typique de la fin du 16ème siècle et font  de la ville de Riez une ambassadrice des Gypseries des Alpes de Haute Provence.

Les Maisons Jumelles,  Grand-Rue à Riez la Romaine
Maisons n°25-27 et n°29
Un musée dans la rue.
véronique vialis

Belmont Yves, Les Gypseries maniérismes des Alpes de Haute Provence, Monument Historique n°133,1984 in Les Amis du Vieux Riez. Bulletin d’information n° 78.

Prix-fait de la Maison n°29 :
« L’an 1597 1er mars après-midi, Honoré Feautrier, bourgeoys de ceste ville de Riez, a baillé à prix-fait à André Berle, maître gippier dudit Riez … de découvrir, abattre et démollir… et rebastir… La muraille du cousté sera crespie et tout le demeurant (intérieur) blanchy avec les façons, tailles et enrechissements (décors de gypseries) requis raisonnablement sur les entrées, fenestres, visettes (escalier), corredors (corridors), coyns et ciel des passages (couvrements)… »

Prix-fait de la Maison°25-27 :
« L’an 1597 8 décembre,… Sebastian Peurier de la ville de Riez baille à prisfaict à André Berle et Jan Aubert maîtres gipiers habitants dudit Riez … ils feront au gré et sellon le desvis dudit sieur Perier (prix faict précédent) pour le prix et à raison de trente six soulz pour canne tant plan que vuyde, solliers, cheminée et autres facteure suyvant le prisfaict de la maison dudi sieur Feautrier… » 

véronique vialisvéronique vialis


véronique vialis

véronique vialisvéronique vialis


véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis injection de plâtre


        véronique vialis

véronique vialis

    véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis





Les décors en plâtre de Haute-Provence

La Haute-Provence, la Provence et peut-être bien tout le Sud-Est français se caractérisent par un usage très répandu du plâtre. Celui-ci était aussi bien l'oeuvre de nombreux spécialistes, les gipiers, qui pouvaient contrôler tout le cycle, depuis l'extraction jusqu'à la finition sculptée, en milieu urbain, que le fait d'une pratique autonome dans le cadre d'une entraide locale, familiale. Ces pratiques rurales sont confirmées par l'existence d'un droit d'extraction dans les carrières communales, dont certaines sont restées en activité jusqu'à leur cession récente.

Ainsi en 1866 le Conseil municipal d'Esparron-la-Bâtie en appelle t-il au sous-préfet : «Depuis un temps immémorial, la carrière de plâtre située sur les terrains de la commune de Bayons et possédée par Messieurs Daumas Etienne et Pierre servait à l'usage des habitants de notre commune ; aujourd'hui les propriétaires en défendent l'extraction, même moyennant indemnité.»

A La Garde, près de Castellane, le conseil accepte en 1874 de concéder la carrière, «en laissant, bien entendu, la faculté aux habitants de la localité d'aller en tout temps extraire pour son usage».
En Provence, dans un univers qui ignorait le ciment, à côté du maçon qui travaille la pierre et la chaux, il y avait le «gipier» dont le rôle a été prédominant. A Riez, entre 1560 et 1630 les archives notariales citent 37 artisans gipiers (dont sept Aixois) et seulement 22 maçons et tailleurs de pierre. Voyageur, comme beaucoup dans les métiers du bâtiment, le gipier pouvait être le responsable du chantier et même parfois de l'ensemble de la construction de la maison, jusqu'au début de ce siècle. En effet même dans les milieux modestes on faisait appel aux conseils de ce spécialiste qui cumulait parfois les fonctions d'architecte et de maître d'oeuvre.

Dans le cadre propice des Préalpes du sud, le gipier a été pendant plusieurs siècles à l'origine d'une véritable culture du plâtre dans l'habitat qui décline toute la gamme des pratiques rustiques et fonctionnelles, sobres et nues, surchargées et maniéristes. Cette profusion du travail des gipiers laisse une impression de variété et pour tout dire de liberté.

-Origines :

Francine Simonin note : «en Provence l'utilisation du plâtre local a probablement eu cours sans interruption de l'époque gallo-romaine à nos jours. Cette continuité est rare et partagée par peu de régions (Ile-de-France, Picardie)».
Les nombreux affleurements de gypse (plus d'une cin-quantaine dans les Alpes de Haute-Provence actuelles, particulière¬ment présents sur les axes Bléone-Durance et en Luberon), ont permis l'éclosion et la persistance d'usages locaux et de pratiques répandues, ainsi que l'existence de nombreux gipiers qualifiés. 
La Haute-Provence fournira par exemple à elle seule entre le quart et la moitié des maîtres non-aixois de cette ville aux XV ème et  XVIème siècles (concurremment aux gipiers du Val de Loire et du Piémont italien).

-Organisation :

C'est à la fois une pratique autonome non professionnelle et un métier. P Bernardi signale qu'à partir de 1582 les gipiers forment à Aix un groupe à part entière dans la confrérie Notre-Dame-de-Beauvezet. Ce n'est qu'au début du XVI ème siècle que l'on voit apparaître à Aix les qualifications professionnelles de «faiseur», «cuiseur» ou «broyeur» de plâtre. Cependant de nombreux artisans maîtrisaient toute la chaîne de fabrication, avec au niveau rural, particulièrement en Haute-Provence, une diffusion de ces pratiques utilisées jusque dans l'avant-guerre.

-Outillage :

A la base il est très simple, ce qui a permis la diffusion et le maintien de l'activité : piques et pics pour l'extraction, rouleau de calcaire ou masses de bois à manche souple pour le battage, pelle, tamis.Aux gipiers en fin d'apprentissage sous l'ancien régime à Aix-en-Provence on donnait toujours une truelle et souvent une auge, un «plomb», une règle et un marteau..
Du gypse au plâtre
Sous la plume des notaires de l'ancien régime le terme employé est celui de gip. Il désigne aussi bien la pierre à plâtre, le gypse, que le plâtre lui-même. Chimiquement les deux sont d'ailleurs des sulfates de calcium.
Le minerai de gypse, très répandu en Haute- Provence (plus d'une cinquantaine de sites d'affleurement), est une roche plutôt tendre relativement aisée à extraire, que l'on «cuit» entre 110° et 140° maximum afin de la déshydrater presque complètement avant de la broyer ou de la moudre plus ou moins finement. Si l'on ajoute de l'eau, le mélange fait prise plus ou moins rapidement selon le degré de cuisson et la quantité d'eau de la gâchée, ce qui autorise toutes les combinaisons.

Ce mélange de base s'accommode de nombreux ajouts pour des usages particuliers : soit des charges de sable, de terre ou de gravats pilés («de la musique», selon les plâtriers de Paris au XIXe.), de la sciure ; soit des adjuvants efficaces en très faibles quantités : la chaux pour des mortiers très résistants, mais aussi le savon (pour la soude et la potasse), l'alun, le sel, le lait, le sang ou la sève de figuier (?) pour des finitions particulières, dans le but d'accentuer la plasticité du mélange et la rigidité de surface de la prise.
Le gip est donc ici plutôt un mortier polyvalent à base plâtre qui peut être utilisé aussi bien dans la construction en gros oeuvre et en extérieur, qu'en finitions raffinées s'approchant ainsi d'une sorte de stuc. L'ancien vocabulaire provençal distinguait bien le hourdissage et l'enduit («mettre au net en gipparie» où l'on peut «gobeter» le plâtre gâché clair avec un balai sur un mur ou sur un «latison»), de la création de décors («enrechir en gipparie» pour lesquelles le plâtre doit avoir «de l'amour» - bien prendre - afin d'épigeonnet; de pouvoir se plâtrer doucement à la main.).

Le travail de fabrication du plâtre comporte trois étapes longtemps maîtrisées par les mêmes personnes :
l'extraction, la cuisson, le broyage.

¨ L'extraction du gypse ou pierre à plâtre a lieu en général en carrière à ciel ouvert, à Clamensane par exemple, et parfois en souterrains horizontaux peu profonds, après le XVIe siècle, les «tannes», à l'aide de piliers-perdus. Exemples au XIXe et au début du XXe siècle : Saint Pérréal dans le Vaucluse, ou les gipières de la colline de la Plâtrière au col de la Mort d'Imbert, à Manosque. Il n'existe pratiquement qu'une seule mine proprement dite, à descente verticale, celle créée tardivement à Saint Jurs. Cependant, en Provence on désigne l'ensemble de ces lieux d'extraction par le terme de «mine».
Le travail se faisait au pic, à la pioche et à la masse principalement, avec un transport au panier jusqu'au four, en général à proximité (la «forge de plâtre», longtemps temporaire et détruite après cuisson, plutôt que permanente comme au 19e siècle, dans le cas d'une activité plus professionnelle). Le propriétaire du terrain, agriculteur le plus souvent, était fréquemment lui-même au moins partiellement exploitant.
Plusieurs communes géraient elles-mêmes de façon communautaire leurs carrières ouvertes aux habitants pour leur besoins personnels. La Motte-du-Caire instaure en 1900 une taxe visant uniquement les commerçants.
¨ La cuisson : «les faiseurs de plâtre» empilent des blocs de gypse de plus en plus petits en formant une ou plusieurs arches (on parle alors de «travage») dans une simple cavité circulaire, une «culée», ou entre des murs délimitant une sorte de petite pièce sans toit de quelques mètres carrés, semblable aux fours à chaux. Les gipiers disposent au fond et au dessus du four une couche de «repoux», mortier argileux et isolant. Un feu de bois est allumé sous la ou les arches pour une cuisson de plusieurs jours dans ce four vertical, à 100-150 degrés environ (couleur rouge sombre).
La cuisson selon ce procédé n'était donc pas homogène et il fallait trier ou mélanger habilement les «incuits» et les «sur-cuits» avec le reste, pour obtenir par contre un excellent plâtre à hourdir. La commune de Valavoire présente un cas particulier cité par E Simonin : le four à plâtre communal était utilisé à la fin du siècle dernier par une famille et ses employés pour des fournées de plâtre destiné soit à la construction, soit à fumer les prairies. Le charbon de terre a aussi été utilisé pour une production plus professionnelle (le lignite à Manosque au début du siècle) quoique interdit à Aix-en-Provence par une ordonnance de 1732. En région aixoise plusieurs textes sous l'ancien régime fixaient le rythme de production à une fournée par mois.
A la fin du XIX' siècle, le département des Basses-Alpes se caractérise par l'existence simultanée de techniques de production d'ordre individuel ou familial, artisanal, mais aussi industriel comme Renoux à Champourcin et surtout Ardisson dans les années 1920 à Digne, rue des Monges. Ce précurseur qui exporte son plâtre en barils jusqu'en Amérique du Sud, met au point un four rotatif qu'il fait breveter.
Ce principe novateur équipe l'actuelle et moderne entreprise Lafarge à Mazan-Mallemort où il a pratiquement dû être réinventé.

• Le broyage : le gypse «cuit» est trié pour séparer au besoin les morceaux particulièrement «incuits» (charge pour les mortiers gros utilisés en planchers ou pour une nouvelle cuisson) et les «surcuits» (au delà de 143 degrés, ils servent de retardeurs de prise). La fournée est mélangée pour homogénéiser l'ensemble. Puis le plâtre est réduit en poudre.
Plusieurs systèmes coexistent jusqu'au XXe siècle :
- le battage à bras à la masse de bois à long manche souple (d'où l'expression «battre comme plâtre»)
- le broyage au rouleau de pierre sur l'aire à battre les céréales,
- à la meule dans un moulin artisanal. Ces moulins circulaires étaient souvent actionnés par des animaux («moulins à sang» de Clamensane et de Saint-Jurs) ou, par le vent, uniquement à Montfuron, dans les Alpes de Haute-Provence, mais aussi dans le Vaucluse à Saint-Saturnin d'Apt.
- L'énergie hydraulique a été utilisée à la Garde en 1834, avec un système d'entraînement de la meule par une roue à aubes et des engrenages de bois et développé industriellement dans la seconde moitié du XIX' siècle à l'usine de la Salaou à Castellane et à Digne par exemple.
- L'usage de la vapeur est signalé par E Simonin à partir de 1874 en ville et à Vergons, puis celui de l'électricité dans l'entre-deux guerres.

Le plâtre est ensuite (ou simultanément dans les moulins) tamisé plus ou moins finement, ce qui est une obligation dès 1352 pour la commercialisation à Aix-en-Provence, dans un contexte urbain beaucoup plus réglementé. A Aix, P. Bernardi signale l'instauration d'une commission de contrôle de la qualité du plâtre à la sortie des fours, et dès l'année suivante, en 1569, l'interdiction de mêler quoi que ce soit au plâtre (ce qui semble être un problème récurrent depuis l'antiquité), de vendre des incuits, de ne pas tamiser.
Il existe de nombreuses variétés de gypse produisant des plâtres différents, du «blanc», du «brun» à Marseille, du «rouge» (ou «rose»), dans la région de Digne  qui, selon Mistral, a donné l'expression «/ou gip» pour désigner le vin rouge du «gris» ou «terreux» qui, à Aix peut aller jusqu'au noir, indépendamment de la qualité apportée à la fabrication.
Transporté en vrac, en charrette, le plâtre pouvait être stocké ainsi dans un coin de grange, vendu cru par charge ou cuit par fournée. Il était alors mesuré jusqu'à la Révolution en «émine» (environ 33 litres) ou en «panai», valant une demi-émine. Après cette époque, il était conditionné en sacs de toile et mesuré en boisseaux (unité valant un décalitre), avant l'apparition des papiers composites contemporains pour un conditionnement de 40 Kg.


«GIP, PLASTRE ET GIPAS»


Le substantif gypse vient du grec gupsos via le latin gypsum. C'est lou gip provençal qui désigne cette matière et a généré nombre de mots : lou gipier, lou four de gip, lou gipas, la giparié...
L'étymologie du mot plâtre est plus complexe : le terme est issu d'une famille de mots grecs dont provient plastiké, l'art de modeler, et d'où dérivent l'adjectif plastikos comme le verbe emplattein, façonner. Ces termes traduisent la nature particulière du produit. Nous parlons aujourd'hui, sur le même registre, des propriétés plastiques du plâtre. Le substantif emplâtre apparaît au XII ème siècle. Le français l'emprunte au latin emplastrum pour désigner une médication à base de farine diluée que l'on appose comme un pansement. De là naît par analogie le mot plâtre au XIII ème siècle.
Provençal contemporain et français régional de Provence intègrent cette dualité et différencient la matière première, lou gip, du produit fini, lou piastre. Du premier terme subsiste la gipière (la carrière de gypse), souvent devenue toponyme, et la gypserie. Le four de gip a rarement survécu, il est communément dénommé four à plâtre. On n'engipe pas un mur, on l'emplastre. Que le mur s'éboule cependant, que son enduit se défasse et voici que les décombres se nomment les gipas. La référence au matériau brut prime. Il a perdu sa qualité de liant, de matière modelable, ne saurait plus être piastre ni plastras. Le gipas est un gip suivi de l'augmentatif as, péjoratif. Il redeviendra piastre une fois recuit et utilisé pour enduire une cloison.
Manda un gipas a un chin, c'est, par extension, jeter à un chien une pierre puisée dans les décombres. Manda un emplastre en quaucun, c'est donner une gifle à quelqu'un.

UNE OCCUPATION DU «TEMPS PERDU»

On ne construit ni n'enduit plus de bâtiments au plâtre local depuis la seconde moitié du XIX ème siècle. La production industrielle de la chaux se développe et concurrence largement ce liant traditionnel, dont on use cependant de manière occasionnelle jusqu'aux premières décennies du XX ème, pour entretenir les bâtiments hourdis au plâtre sur lesquels la chaux prend mal. On a toujours besoin d'un peu de plâtre pour resceller une poutre, le gond d'un volet ou «raccommoder un mur qui s'en va». Les témoignages en attestent : la production domestique est réduite, elle cesse dès la seconde guerre mondiale.
De nombreux jours s'écoulent entre l'extraction du gypse et sa transformation en plâtre. Les étapes s'échelonnent au fil des saisons : extraction progressive des blocs, transport à dos de mulet de la carrière à la route, charroi jusqu'aux abords du four, préparation de la fournée. C'est une occupation solitaire, un travail dit du «temps perdu», une tâche annexe à laquelle se livrent les hommes lorsqu'ils n'ont rien de plus urgent à faire. Seules les opérations de cuisson et de concassage se programment, elles se suivent nécessairement et constituent des opérations socialisées.
Cet abandon progressif marque toujours le paysage et donne parfois un sentiment de temps arrêté. On trouve des fours «garnis» que l'on n'a jamais cuits. Il est des monceaux de gypse au bord des routes que l'on n'a pas jugé bon de venir prendre, du plâtre cuit au fond des remises qui n'a jamais servi et ne servira plus.
Le plâtre dans la construction

Le plâtre est un matériau de construction très ancien, utilisé en Méditerranée dès l'antiquité égyptienne.
En Provence le plâtre est depuis le XlVe siècle au moins et jusqu'au début du XXe siècle, spécialement répandu dans l'habitat, sous l'ancien terme générique de "giperie" ou "giparie".
Le plâtre apparaît (avec la chaux) comme le liant et l'enduit d'intérieur par excellence. Des voûtes de la bergerie aux éventuelles finitions moulées et sculptées, la maison haut-provençale est bâtie intérieurement et parfois extérieurement à l'aide de plâtre, à la fois dans la construction et dans la finition. Ce matériau ignifuge isolant de la chaleur brûlante et protégeant les bois de l'attaque redoutable des insectes.
Ce travail du plâtre a été mis en valeur par les études des ethnologues comme F. Simonin pour les Alpes de Haute-Provence autour du tournant du siècle et celles des historiens pour les périodes antérieures : C. Maurel pour le département et P Bernardi, pour le cas particulier d'Aix-en-Provence.

Il peut intervenir:
- dès le gros-oeuvre, en banchées pour la création des bergeries voûtées, comme à Céreste ou à La Motte du Caire.
- en utilisation extérieure, pour des avant-toits, avant la généralisation des génoises, et pour les façades qui, au XVIIe siècle à Forcalquier, sont entièrement assemblées au plâtre, sans autre liant : cette utilisation est à rapprocher de l'usage du plâtre de gros dans les façades parisiennes.
• en intérieur, le plâtre est d'un usage quasi systématique au niveau:
- des planchers rigidifiés par une chape de plâtre grossier de quelques centimètres d'épaisseur, bien avant d'être recouverte de tomettes, des plafonds sur lattis ou cannes, des cloisons sur armature de bois par exemple, des encadrements de portes et de fenêtres, de placards muraux et bien sûr des enduits intérieurs:
- des escaliers entièrement bâtis en plâtre hormis les premiers degrés qu'ils soient à vis ou ultérieurement à  rampes et à balustres (à Riez ou à Digne).
- des cheminées, simples ou monumentales comme celles de la Madeleine, exposée à Salagon, ou bien celle de la Mairie d'Aubenas-les-Alpes:
- de nombreux décors et des moulures de gypseries.
On le voit, le plâtre est un élément fondamental dans la construction et l'aménagement de la maison, qu'elle soit très modeste comme nous en avons de nombreux exemples ruraux, ou bien plus aisée et ostentatoire, en milieu urbain, comme à Riez dès 1401, ou encore en pays de Forcalquier aux XVIe et XVIIe siècles, avant la mode des décors qui envahit les demeures nobiliaires de France avec la diffusion des moulures du Fontainebleau de Louis XIV. Présent à proximité N. O. de la ville, le gypse a été exploité par les habitants d'Aix-en-Provence au moins dès le XIVe siècle et jusqu'en 1954.
Cet usage systématique du plâtre renvoie à une matière première répandue et aisément mise en oeuvre, à un climat du sud-est français plutôt sec (selon une catégorie d'utilisation définie dans l'antiquité), à un savoir-faire, à un métier spécifique aujourd'hui disparu, celui de gipier.

dimanche 1 septembre 2013

stuc marmorino tadelakt...une technique ancestrale !!!..

tadelakt véronique vialis

tadelakt véronique vialis

http://www.deco-verone.com

la formulation du stuc

Les stucs s'appliquent en couches de très faible épaisseur. Ils se composent de chaux aérienne et de granulats "impalpables", farine de marbre et talc. On les pose à la yanne.

Le support doit être irréprochable. Le stuc ne rattrapera pas les imperfections du support. Pour absorber le grain d'un enduit taloché on applique au préalable une ou deux couches d'enduit fin .

Le stuc s'applique en deux couches ou plus, teintées en masse par des pigments.

Deux formules au choix :

Le stuc peut être plus ou moins brillant selon sa composition et le soin apporté à son ferrage. Deux formules vous sont proposées, selon l'aspect recherché :

LE STUC LISSÉ

Formule à 1 agrégat. (farine de marbre) se prête aux aspects plus satinés
10L chaux CL90+10L farine de marbre+10L eau+ Adjuvent+Pigment
(% selon effet desirer et le dosage maximum)
On obtient 20 litres de stucs. La consommation moyenne est de 1 litre par m2 et par couche.

LE STUC GLACÉ

se formule avec 2 agrégats, la farine de marbre et le talc qui facilite le ferrage. Il vous donnera l'aspect de finition brillant caractéristique des stucs.
10L chaux CL90+5L farine de marbre+5L Talk+10L eau+ Adjuvent+Pigment
(% selon effet desirer et le dosage maximum)
On obtient 20 litres de stucs. La consommation moyenne est de 0,8 litre par m2 et par couche.

the formulation of stucco

Stucco apply very thin layers. They consist of lime and aggregates "impalpable" marble flour and talc. 
They pose the yanne.
The surface must be above reproach. The stucco will not catch the imperfections in the surface. To absorb the grain of wall plaster coating one or two layers end (see advice sheet "The purpose coatings") is applied beforehand.
Stucco is applied in two or more layers of glass by weight pigments.

Two formulas:

Stucco can be more or less bright depending on its composition and the care taken in its manufacture. Two options are available, depending on the desired look:

SMOOTH STUCCO

Formula 1 aggregate. (marble powder) is suitable for most aspects satin
10L lime CL90 10 L 10 L marble flour + water + adjuvant Pigment 
(% by effect be desired and the maximum dosage)
20 liters of stucco is obtained. The average consumption of 1 liter per m2 per layer.


Recette du Tadelakt Marocain

Le Tadelakt

C'est un enduit à la chaux qui peut être aussi bien utilisé en intérieur qu'en extérieur. C'est l'enduit traditionnel des hammams et salles de bains des riads et des palais du Maroc. Il a la particularité  d'être "ferré" avec un galet de rivière et d'être traité au savon noir pour acquérir son aspect définitif. Il doit son succès à d'impressionnante qualités d'étanchéité à son aspect lisse et brillant et à sa texture d'une douceur incomparable. Mis en oeuvre à l'origine pour imperméabilisé des réservoir de Marrakech. Il a un aspect doux et fin avec des ondulations dues au travail du galet, il est étanche ce qui permet de l'utiliser également pour faire des baignoires et des lavabos et lui confère de grande capacités décoratives.
Le Tadelakt est généralement réaliser avec de la chaux de Marrakech, mais d'autre type de chaux peuvent également convenir. Certains puristes prétendent que celui ci ne sera plus vrai Tadelakt car la chaux aura été mélangé à d'autre produits et n'aura plus ses qualité écologiques originelles.

Préparation
Quelques jours avant la pose de l'enduit, le revêtement (ici des briques de béton cellulaire) est recouvert d'une couche d'accroche composée de 1 vol. de chaux aérienne en poudre pour deux vol. de sable. Une fois sèche, et juste avant de poser l'enduit, cette couche rugueuse est recouverte d'un mélange d'eau et de colle cellulosique (colle à papier peint). L'intérêt : retarder la prise de la chaux sur des supports très absorbants comme le béton cellulaire ou la brique.
Étape 1
La première couche du tadelakt, traditionnellement composée uniquement de chaux de Marrakech, est ici additionnée de sable fin à raison de 1 vol. de chaux de Marrakech pour 1 vol. de sable. Ce mélange est préparé quelques jours à l'avance, puis recouvert d'eau pour que la chaux en soit totalement imprégnée ; le mélange devient onctueux, homogène et il est plus facile à travailler. L'intérêt d'ajouter du sable pour cette première couche d'enduit est avant tout économique, la chaux de Marrakech coûte en moyenne 70 euros/25 kg, et, selon l'artisan, le rendu final est identique.
La première passe est déposée sur la couche d'accroche préalablement humidifiée au pulvérisateur. Le platoir et la truelle pour les endroits les plus délicats sont les outils qui permettent de déposer l'enduit en fine couche.
Elle est ensuite talochée avec une taloche en bois que chacun peut se fabriquer à partir d'un morceau de bois.
Mais attention, que du résineux pour ne pas retrouver des traces de tanins sur le bel enduit !
Étape 2
Passée sur la première couche encore fraîche, la seconde couche du tadelakt est composée uniquement de chaux de Marrakech et de pigments (ici 15 % du poids en chaux). Elle aussi doit être préparée à l'avance avec de l'eau puis homogénéisée au malaxeur.
Cette couche est également talocher pour écraser les grains et faire légèrement ressortir la laitance de la chaux. On s'aperçoit que, dès le passage de la
Une langue de chat ou une lisseuse permettent ensuite de ferrer l'enduit avec précision.
Étape 3
Enfin, étape finale de la mise en oeuvre, le passage du galet et du savon noir.  Le galet doit être passé lorsque la laitance ne se colle plus à lui. On commence par déposer au pinceau une fine couche de savon noir dilué puis, sur cette couche il passe le galet en formant des lignes plus ou moins droites s'approchant de la forme d'un 8 aplati. Un craquement souple de l'enduit (tel un son de pierre sur pierre) est plutôt bon signe au passage du galet.
L'enduit est terminé quand toute sa surface a un aspect dur et brillant.

véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis

véronique vialis



véronique vialis

véronique vialis